jeudi 21 novembre 2013

خدمة إلكترونية خاصة بالترشيح لاجتياز امتحانات البكالوريا بالنسبة للمترشحين الأحرار

أطلقت وزارة التربية الوطنية والتكوين المهني امس الأربعاء خدمة إلكترونية جديدة على الصعيد الوطني خاصة بالمترشحات والمترشحين الأحرار لاجتياز امتحانات البكالوريا- دورة يونيه 2014،  من خلال البوابة الإلكترونية للوزارة وعبر الرابط http://Candidaturebac.men.gov.ma/libres          
  وستتيح هذه الخدمة التي تندرج في إطار مواصلة جهود الوزارة لتحسين الخدمات الإلكترونية عن بعد ، تعبئة بطاقة الترشيح الإلكترونية، وكذا تتبع وضعية الطلبات خلال الفترة المخصصة لاستقبالها إلى حين المصادقة عليها من طرف الأكاديميات الجهوية للتربية والتكوين، بتنسيق مع  النيابات الإقليمية للوزارة، وذلك عبر البوابة السالفة الذكر أو عبر بريدهم الإلكتروني الخاص      
 لذا يتعين على كافة المترشحات والمترشحين الأحرار لهذا الاستحقاق الوطني الهام ، تعبئة بطاقة الترشيح الإلكترونية وجوبا و المصادقة  عليها إلكترونيا في أجل أقصاه يوم الأحد 15 دجنبر 2013 على الساعة الثانية عشرة ليلا، واستخراج وصل التعبئة في نسختين ثم إيداع ملف طلب الترشيح بعد تعبئته، مصحوبا بالوثائق الضرورية وكذا وصل تعبئة  بطاقة الترشيح الإلكترونية لدى المصالح المختصة بالنيابة الإقليمية للوزارة في أجل أقصاه الساعة الرابعة والنصف بعد الزوال من يوم الجمعة 20 دجنبر 2013، مقابل التأشير على النسخة الثانية من وصل تعبئة بطاقة الترشيح الإلكترونية

Posted By Unknown09:32

dimanche 17 novembre 2013

L'essentiel Des Relations Internationales

Relations internationales

Les relations internationales sont aussi appelées études internationales (en anglais International Studies (IS))1. Sous ces vocables, sont en général désignés l'étude des affaires étrangères et des grandes questions du système international : rôle des États, des organisations internationales, des organisations non gouvernementales (ONG) ainsi que des entreprises multinationales. Les relations internationales appartiennent à la fois au domaine académique et au domaine politique. Elles peuvent être étudiées soit dans une optique positiviste soit dans une optique normative, toutes deux cherchant tant à analyser qu'à formuler les politiques internationales des pays.
Si les relations internationales appartiennent historiquement au domaine de la science politique, l'accent est de plus en plus mis sur le domaine économique à travers l'Économie politique internationale qui s'est beaucoup développée depuis les années soixante-dix. D'autres champs académiques sont également concernés : le droit international, la philosophie, la géographie (à travers notamment la géopolitique), la sociologie, l'anthropologie, l'étude des cultures.
Concernant plus spécifiquement les sujets étudiés, il est possible de citer : la mondialisation, l'État, l'écologie et le développement durable, le terrorisme et le crime organisé, la prolifération nucléaire, le nationalisme, le développement économique la finance internationale, les droits de l'homme, etc.

 

Histoire

En général, la coutume fait débuter l'histoire des Relations internationales, aux traités de Westphalie de 1648 au moment où le système d'États au sens moderne du terme s'est affirmé. Antérieurement, l'organisation politique de l'Europe médiévale reposait sur un vague ordre religieux hiérarchisé. Les traités de Westphalie ont institué le concept légal de souveraineté, c'est-à-dire que les législateurs nationaux sont l'ultime autorité à l'intérieur du territoire national où ils n’ont pas d'égaux parmi leurs concitoyens et pas de supérieurs à l'extérieur. Si dans la Grèce antique ou à Rome l'autorité des cités était proche de celle du système de Westphalie, elles ne connaissaient pas la notion de souveraineté.  Les traités de Westphalie ont poussé à la constitution d'États-Nations indépendants, à l'institutionnalisation de la diplomatie et des armées. Ce système européen a été exporté vers l'Amérique, l'Afrique et l'Asie à travers notamment la colonisation. Le système actuel résulte des décolonisations durant la guerre froide. Si l'État-Nation est considéré comme « moderne » plusieurs États ne l'ont pas encore adopté tandis que d'autres qui ont été au delà peuvent être qualifiés de « post-modernes ». La capacité des Relations internationales modernes à expliquer les relations entre ces différents types d'États est en question. Les « niveaux d'analyse » constituent une façon d'aborder le système international et incluent : un niveau individuel, l'État ; un niveau international, celui des affaires transnationales et intergouvernementales et un niveau mondial ou global.  Ce qui est explicitement reconnu comme la théorie des Relations internationales ne s'est pas développé avant la Première Guerre mondiale comme nous le verrons plus loin. Toutefois, la théorie des relations internationales s'est longtemps nourrie des apports d'autres disciplines. De nombreux auteurs citent l'histoire des guerres du Péloponnèse de Thucydide comme étant le point de départ de la théorie réaliste qui s'est poursuivie avec le livre le Léviathan de Hobbes et Le Prince de Machiavel. De façon similaire, la théorie libérale des relations internationales a été influencée par Emmanuel Kant et Jean-Jacques Rousseau. Bien que la notion actuelle des droits de l'homme soit considérablement différente de ce qui était envisagé par les tenants de la loi naturelle, Francisco de Vitoria, Hugo Grotius et John Locke témoignent des premiers efforts entrepris pour affirmer certains droits généraux sur la base d'une humanité commune. Par ailleurs au vingtième siècle, le marxisme a eu une certaine influence sur la fondation de la discipline des Relations Internationales.

Études des Relations internationales

 Initialement, les Relations internationales vues comme un champ d'études distincts ont été une spécificité britannique. En 1919, la première chaire intitulée chaire Woodrow Wilson, de Relations internationales a été créé à l'université d'Aberystwyth grâce à un don de David Davies. Elle fut confiée à Sir Alfred Zimmern2. Au début des années vingt une chaire fut également créée à la London School of Economics à la demande du prix Nobel Noël-Baker. La première université consacrée entièrement aux Relations internationales fut l'Institut de hautes études internationales fondé en 1927 à Genève par William Rappard. Il avait pour but de former les diplomates associés à la Société des Nations et fut un des premiers à délivrer des doctorats en relations internationales.  La Edmund A. Walsh School of Foreign Service de l'université de Georgetown est la plus ancienne faculté dédiée aux Relations internationales des États-Unis. Le Committee on International Relations de l'université de Chicago fut en 1928 la première à délivrer des diplômes universitaire dans ce domaine. Parmi les autres écoles nous pouvons citer : la School of International Service] de l'American University, la School of International and Public Affairs de l'université Columbia, le Department of War Studies du King's College de Londres, la Paul H. Nitze School of Advanced International Studies de l'université Johns-Hopkins, la School of International Relations de l'université de St Andrews, l'Elliott School of International Affairs de l'université George Washington, la Fletcher School de l'université Tufts, et la Woodrow Wilson School of Public and International Affairs de l'université de Princeton.

Théories

Libéralisme

Articles détaillés : Libéralisme (relations internationales) et Institutionnalisme néolibéral.  Pour les libéraux, les relations internationales sont perçues comme un facteur de progrès et de changement. Au niveau international comme au niveau national, les libéraux mettent l’accent sur la notion de pouvoir contre-pouvoir. Ils insistent sur le rôle de l’opinion publique, du droit et des institutions internationales qui viennent limiter le pouvoir des États. De nos jours, il doit faire face aux forces du capitalisme mondial qui sapent l’apparente « victoire » de la démocratie libérale à la fin de la guerre froide3. Parmi les grands auteurs libéraux actuels, Joseph Nye insiste sur la notion de Soft power développée avec Robert Keohane. Ces deux auteurs ont aussi développé la notion d’interdépendance complexe.  Trois points importants caractérisent l'interdépendance complexe :      L'usage de nombreux canaux d'action entre sociétés dans les échanges transnationaux et trans-gouvernementaux,     L'absence de hiérarchie claire dans le traitement des affaires internationales;     Un déclin de l'usage de la force et du pouvoir coercitif dans les relations internationales.

  Réalisme 

  Réalisme (relations internationales) et Néoréalisme (relations internationales).  Pour les réalistes le système international est anarchique. L’important c’est la lutte ou la compétition entre les États pour survivre et pour affirmer leur pouvoir sur la scène internationale. En général les auteurs réalistes se posent quatre questions centrales4      « Quelles sont les principales sources de stabilité ou d’instabilité du système international »     « Où en est actuellement la balance des pouvoirs »     « Comment les grands pouvoirs devraient se comporter les uns envers les autres ainsi qu’avec les États plus faibles »     « Quelles sont les sources et les dynamiques de changement de la balance des pouvoirs actuelle »  On distingue en général le réalisme du néoréalisme. Bien que les deux termes soient parfois interchangeables, il existe entre les deux un certain nombre de différences essentielles. La plus importante tient au fait que la théorie réaliste met au centre de tout la nature humaine et la volonté de domination qui lui serait associée alors que le néoréalisme, à la suite de Kenneth Waltz, ne réfère pas à une nature humaine mais place au centre de son analyse les pressions exercées par l'état d'anarchie.  Principaux auteurs : Raymond Aron, Edward Hallett Carr, Robert Gilpin, Samuel Huntington, George Kennan, Stephen Krasner, Hans Morgenthau, Kenneth Waltz, John Mearsheimer

Économie et politique internationale
Article détaillé : Économie politique internationale.
Pour Stéphane Paquin7, le moment fondateur de l’économie politique internationale serait le moment, le 15 août 1971, où Richard Nixon a suspendu le système monétaire mis en place à Bretton Woods. Pour Robert Gilpin, un de ses fondateurs avec Susan Strange elle étudie « l’interaction réciproque et dynamique dans les relations internationales entre l’accumulation de la richesse et la poursuite de la puissance »8. En général les spécialistes voient l’Économie politique internationale comme une sous-discipline des relations internationales même si Susan Strange, au contraire, considérait les relations internationales comme une sous-discipline de l’Économie politique internationale9. Actuellement, il est possible de distinguer quatre grandes écoles, dont les trois premières, la réaliste, la libérale et la marxiste sont qualifiées de « classiques »10

Courant réaliste

Le courant réaliste est aussi nommé : mercantiliste ou nationaliste. Ce courant est très proche du courant réaliste classique en relations internationales mais y inclut une perspective économique. Pour les auteurs de ce courant, l’État au niveau économique cherche d’abord à renforcer sa puissance par rapport à ses concurrents. Pour eux, même si tous les participants sont gagnants dans l’échange international, un pays peut le refuser s’il estime qu’il sera moins favorisé qu’un de ses concurrents11. En effet en acceptant sa place relative va diminuer. En général, les membres du courant réaliste sont très sceptiques quant à la mondialisation et n’ont qu’une estime relative envers les institutions internationales
Grands auteurs :Stephen Krasner, Alexander Hamilton, Friedrich List, Robert Gilpin

Courant libéral

C’est aux États-Unis le courant le plus important. En 2005, 69 % des spécialistes américains de la spécialité se déclaraient de ce courant et 77 % étaient favorables au libre-échange12. Pour eux, à la suite de John Locke et en opposition avec Thomas Hobbes qui inspire les réalistes, l’absence de gouvernement n’implique pas l’état de guerre. Par ailleurs, à la suite de Grotius, ils estiment que les relations internationales doivent être régies par des règles de droit. Au vingtième siècle, les idées de Woodrow Wilson, l’homme des quatorze points et de la Société des Nations, ont joué un rôle déterminant sur le libéralisme en relation internationale13. Les libéraux sont pluralistes et pour eux les relations internationales ne dépendent pas seulement des États. En effet, il faut aussi compter avec les multinationales, les ONG, les Institutions internationales et l’opinion publique internationale. Pour les libéraux un monde plus interdépendant conduit à la formation d'une société internationale et est porteur de paix, de justice et de prospérité. En effet les libéraux la coopération par les échanges comme un jeu à somme positive. Les principaux auteurs incluent Adam Smith, Emmanuel Kant, David Ricardo, Woodrow Wilson et John Maynard Keynes.  Le courant marxiste s’intéresse plus à l’étude des relations économiques Nord-Sud qu’aux relations entre les grandes puissances14. Par ailleurs, il attribue aux rapports de classes sociales une place importante puisque ce sont eux qui, selon les représentants de ce courant, déterminent les actions des États15. Actuellement deux grands courants prédominent16 : la théorie de la dépendance axée sur les rapports Nord-Sud, et l’approche système-monde qu’Immanuel Wallerstein a développé à partir des travaux de Fernand Braudel. L’idée générale est ici que le centre « exploite » plus ou moins la périphérie. Les principaux auteurs incluent Robert Cox, Immanuel Wallerstein et Karl Marx.

Nouvelle économie politique internationale

La Nouvelle économie politique internationale (NPEI) est née en réaction avec ce qu’elle appelle l’école orthodoxe en relation internationale constituée, selon elle, de l’école néoréaliste en relation internationale et de l’école néo-libérale institutionnelle, certains parlent de « synthèse néo-néo ». Alors que ces deux écoles ont en commun une approche basée sur une analyse empiriste tournée vers l'action et l'expertise utilisable par les décideurs, l’école de la nouvelle économie politique internationale, se veut hétérodoxe et plus réflexive. Elle a été également crée parce que ses fondateurs estimaient que la mondialisation rendait « nécessaire de revoir les façons de faire »} et appelait « à la construction de nouvelles approches afin de rendre lisible le monde »17. Toutefois, il convient de noter que tant ce qu'ils appellent l'école orthodoxe que le courant hétérodoxe qu'ils incarnent sont relativement hétérogène. Les principaux auteurs incluent Susan Strange et Robert Cox.

École orthodoxe vue par la NPEI

L'école orthodoxe domine largement aux États-Unis. En 2005 les cinq premiers spécialistes des relations internationales les plus importants selon un sondage faits auprès des professeurs américains en la matière : Robert Keohane, Kenneth Waltz, Alexander Wendt, Samuel Huntington et John Mearsheimer appartenaient à ce courant.
Les grands points communs aux orthodoxes sont :
  • une volonté de créer des théories de l’économie politique internationale calquées sur celles des sciences dures et notamment de l’économie orthodoxe. Cette recherche découlant, selon eux, d’un penchant de l’orthodoxie vers le rationalisme et le positivisme18 ;
  • une volonté de développer des problem–solving, c’est-à-dire à résoudre les problèmes qui se posent et une acceptation du monde tel qu’il est19 ;
  • importance accordée aux États20.
Le principal point de divergence entre orthodoxes tient au fait que, alors que les néo-réalistes comme Stephen Krasner ou Robert Gilpin ne crient guère à la mondialisation et s'en méfient, les néo-libéraux institutionalistes comme Robert Keohane et Joseph Nye y sont favorables21o

NPEI en elle-même : l’EPI hétérodoxe

La nouvelle économie politique internationale ne croit pas à la possibilité d’établir une théorie de l’économie politique, et ne pense pas que l’État soit l’acteur dominant. Par ailleurs ses membres adoptent une approche très fortement multidisciplinaire et s’intéressent en sus de la science politique et de l’économie, à la sociologie, à l’anthropologie, au droit, à la démographie et à l’histoire22. Plusieurs points sont au centre de leur recherche23 :
  • la finance mondiale
  • les changements technologiques
  • l’internationalisation des firmes
  • l’émergence d’une diplomatie économique
  • l'intensification des communications internationales et des flux migratoires
  • les changements de la géographie globale (changement de frontières, émergences de grandes villes, etc.)
Deux grands auteurs ont marqué la Nouvelle économie internationale, Susan Strange qui a adopté une approche réaliste non centrée comme l’école réaliste orthodoxe sur les États mais sur l’ensemble des acteurs; et Robert Cox qui lui a opté pour une approche néogramscienne, c’est-à-dire qui s’intéresse à la classe dominante et à la façon dont elle acquiert un pouvoir hégémonique

Posted By Unknown11:06

samedi 16 novembre 2013

Le problème posé par les circulaires

Le problème posé par les circulaires

Les circulaires ou instructions, ou encore notes de service, sont des actes par lesquels les chefs de service donnent à leurs subordonnés des instructions ou des indications sur la conduite à tenir dans l'application des lois et règlements.
Le problème est de savoir s'il s'agit pour les administrés de simples documents d'ordre hiérarchique, liés au devoir d'obéissance du subordonné et lui interdisant de l'attaquer ? S'agit-il d'actes inopposables et n'ayant pas pour eux de valeur juridique, ou de véritables décisions exécutoires créant des droits et obligations à l'égard des administrés ?
Le problème est très important en pratique, surtout si l'on sait que les fonctionnaires, à cause du pouvoir hiérarchique, ont tendance à obéir plus aux circulaires qu'aux lois et règlements. Ajoutons que c'est un dilemme pour le juge : s'il contrôle les circulaires, c'est un avantage pour les administrés et un poids pour l'administration, et inversement. Les ministres utilisent volontiers la circulaire parce qu'elle est écrite librement.
L'intérêt de la question apparaît d'abord en ce qui concerne les droits que les administrés peuvent tirer de la circulaire. Si la circulaire est une décision exécutoire, le fait pour l'administration de ne pas respecter la circulaire constitue une illégalité permettant aux administrés de faire annuler l'acte reposant sur elle. L'intérêt de la question apparaît donc en ce qui concerne les recours des administrés.

La solution

La solution consiste à distinguer parmi les circulaires celles qui sont des décisions exécutoires (circulaires réglementaires ou fausses circulaires) et celles qui ne sont pas des décisions exécutoires (circulaires interprétatives ou vraies circulaires).
Il faut trouver un critère. Le critère de la distinction est essentiellement tiré du contenu de l'acte. La circulaire réglementaire est celle qui modifie l'ordonnancement juridique, celle qui ajoute à la réglementation en imposant des obligations nouvelles à l'administré ou en instituant des droits nouveaux à son profit.

                            source :jurispedia

Posted By Unknown15:27

Classification des théories des relations internationales

Classification des théories des relations internationales

Il existe plusieurs classifications différentes des théories des relations internationales.
La plupart établissent néanmoins une distinction entre les ‘théories générales’, i.e. les
trois philosophies qui ont proposé une explication normative, historique et relativement
globale des relations internationales – le réalisme, le libéralisme et le marxisme1 – et les
autres théories.  Cette deuxième catégorie regroupe les théories ‘partielles’ propres aux
divers champs de spécialisation des relations internationales et les conceptions
normatives critiques des théories générales.
La première partie de cet ouvrage analyse les théories générales des relations
internationales en établissant toutefois une distinction entre les conceptions classiques
et néo-classiques du réalisme, du libéralisme et du marxisme, ce qui est peu courant
dans les manuels consacrées aux relations internationales. Par la suite, elle examine
deux théories normatives critiques des théories générales classiques et néo-classiques,
qui sont inspirées du post-modernisme : le constructivisme et la perspective
communautarienne. Les principales théories partielles des relations internationales sont
étudiées dans la troisième et la quatrième parties du livre, consacrées à la politique
étrangère des Etats et aux relations économiques internationales.

Les théories générales classiques

                                                
1 Il est important de signaler ici que les mots réalisme, libéralisme et marxisme ne sont pas
toujours utilisés pour identifier ces trois philosophies. Par exemple Daniel Colard associe les deux
premiers courants de pensée à la  ‘théorie classique de l’Etat de nature’ et à la ‘théorie moderne de
la communauté internationale’. Philippe Braillard parle du marxisme-léninisme plutôt que du
marxisme et de la théorie juridico-idéaliste plutôt que de la théorie libérale.  Paul Viotti et Mark
Kauppi emploient le terme pluralisme pour désigner le libéralisme et le terme globalisme pour
désigner le marxisme. Voir Daniel Colard,   Les relations internationales de l945 à nos jours
(Paris : Masson, l993); Braillard, Théories des relations internationales; Paul R. Viotti et Mark V.
Kauppi, International Relations Theory ( Boston/Londres : Allyn and Bacon, 3e éd., 1999). 
Le réalisme

Selon Braillard, le qualificatif « réalistes » a été attribué aux auteurs qui prétendent
considérer l'humain et les rapports sociaux - notamment les relations politiques - tels
qu'ils sont et non tels que l'on voudrait qu'ils soient, au nom de quelque idéal 2. C’est la
raison pour laquelle leurs détracteurs les considèrent souvent comme des conservateurs
ou des défenseurs du  statu quo. En vérité, les réalistes croient que le monde étant
gouverné par certaines lois objectives ou caractéristiques naturelles immuables, le
changement ou le progrès n’est possible que s’il est fondé sur la connaissance et la prise
en compte de ces contraintes. La préoccupation première des réalistes est donc de
comprendre ces contraintes grâce à une observation objective de la réalité. Dans les faits,
toutefois, leur observation du réel demeure sélective et imbue de jugements de valeurs.
En témoignent les quatre thèses qui constituent, selon Paul Viotti et Mark Kauppi, la
quintessence de la pensée réaliste : les Etats sont les seuls ou les principaux acteurs des
relations internationales; l’Etat est par nature unitaire; l’Etat est rationnel et vise
constamment à maximiser son intérêt national, ce qui implique le recours périodique à la
force; la sécurité et les questions politiques constituent l’unique ou la principale finalité
de la politique étrangère3. Il serait vain, toutefois, de vouloir retrouver l’expression
intégrale de ces quatre thèses chez tous les penseurs réalistes. Comme nous le verrons ci-après, cette vision classique ou orthodoxe du réalisme s’est construite progressivement
au fil des siècles pour trouver sa formulation la plus systématique chez les auteurs  des
années l950-l980. Au cours des décennies ultérieures elle a fait l’objet de diverses
remises en questions, reformulations et adaptations par les théoriciens néo-réalistes.
                                                
2 Braillard, Théories des relations internationales, 69.
3 Viotti et Kauppi, Internatioal Relations Theory, 55-56.

Les précurseurs du réalisme
Plusieurs spécialistes soutiennent que le philosophe grec  Thucydides (471-400 av.
J.C.) est le premier précurseur de la tradition réaliste et de l’analyse des relations
internationales4.  Son célèbre ouvrage  Histoire de la Guerre du Péloponèse, en effet,
n’est pas uniquement une chronique de la guerre qui a opposé Athènes et Sparte pendant
vingt-huit ans, mais une analyse des fondements de la puissance militaire et politique de
ces deux Etats et des causes de leurs comportements agressifs l’un vis-à-vis de l’autre,
analyse basée sur une observation minutieuse des évènements et la réalisation d’
entrevues avec les protagonistes. La principale conclusion de son enquête est que la
guerre est le résultat de la peur et d’un changement dans l’équilibre des puissances.
Sparte a attaqué Athènes parce qu’elle craignait de perdre sa suprématie sur le
Péloponèse. Dans un premier temps, Athènes a riposté pour se défendre, mais la
dégénérescence de ses institutions démocratiques l’ont amené à devenir de plus en plus
fanatique et agressive, l’incitant à poursuivre la guerre contre Sparte dans le but
d’usurper à cette dernière sa position hégémonique.  Deux enseignements fondamentaux
ont été retenus par les réalistes de l’œuvre de Thucydides : premièrement,chaque Etat
cherche nécessairement à défendre ou à maximiser sa puissance militaire et politique, ce
qui crée des conditions favorables à la guerre; deuxièmement, la guerre est plus probable
entre Etats autoritaires qu’entre Etats démocratiques puisque les seconds sont moins
impérialistes que les premiers.
Les deux philosophes les plus souvent cités comme fondateurs du réalisme
demeurent néanmoins l’italien Nicolas  Machiavel (1469-1527 ) et l’anglais Thomas
Hobbes (1588-1679).  Machiavel est un contemporain de la Renaissance, marquée par
                                                
4 Id.,  ibid, 57; Michael Doyle, « Thucydides : a Realist? » in Richard Ned Lebow et Barry S.
Strauss, eds, Hegemonic Rivalry : From Hegemony to the Nuclear Age (Boulder, CO : Westview
Press,1991),169-88.
la rupture de l’ordre juridique et moral de la chrétienté et le développement des premiers
Etats-nations monarchiques qui ne reconnaissent aucune autorité supérieure à la leur,
n’acceptent de se plier à aucune règle commune et qui, exclusivement préoccupés par le
désir d’accroître leur influence, vivent dans un climat permanent d’hostilité et de rivalité.
C’est la loi de la jungle qui régit les rapports interétatiques, le plus fort imposant sa
volonté au plus faible.  Hobbes est le témoin de la répression sanglante des rébellions
irlandaise et écossaise et de l’instauration de la première république anglaise, sous
l’égide du dictateur Oliver Cromwell (1648-1658), évènements qui le terroriseront et
l’amèneront à s’exiler en France. Ces contextes historiques ne sont pas étrangers à la
vision pessimiste de la nature humaine et des rapports interétatiques de  Machiavel et 
Hobbes. Ces derniers croient, sur la base de leur observation personnelle et
nécessairement partielle de la réalité de leur époque,  que les hommes sont animés d'un
instinct inné de puissance et de domination qui les porte à compétitionner entre eux
pour l'acquisition de la richesse, du pouvoir, du prestige, etc. Cette lutte se traduit
inévitablement par la victoire de ceux qui, en raison des attributs de leur naissance (force
physique, capacités intellectuelles, milieu familial plus favorisé) ou des chances que leur
a procuré l’existence, possèdent des ressources supérieures aux autres. La nature et la
conduite des Etats ne diffèrent pas de celles des hommes qui les dirigent. Les Etats sont
animés d'une volonté de puissance ou de conquête qui les incite à rivaliser constamment
entre eux. Dans la mesure où les Etats sont inégaux, certains étant avantagés par la
distribution naturelle inégale des ressources  géographiques, économiques,
démographiques et autres et/ou plus aptes à utiliser efficacement la force (militaire) et la
ruse (diplomatique), cette rivalité conduit à la domination des plus faibles par les plus
forts.
C’est dans  Le Prince (1513), petit opuscule dédié à Laurent de Médicis, maître de la
Cité-Etat de Florence, que Machiavel a exposé le plus clairement sa vision des relations
internationales. Celle-ci est dénuée de toute préoccupation religieuse et morale et
consacrée essentiellement au triomphe du plus fort qui est, selon lui, « le fait essentiel de
l’histoire humaine ».  Pour Machiavel, le désir d’acquérir « est une chose ordinaire et
naturelle » et tout Etat doit s’efforcer d’étendre ses possessions. Cette fin justifie l’emploi
de tous les moyens. Pour agrandir son territoire et conserver ses conquêtes, le Prince
doit s’inspirer de la ruse du renard ( la diplomatie) et de la force du lion (la puissance
militaire). L’infidélité aux engagement pris n’est qu’une nécessité pratique.
« Un prince doit savoir combattre en homme et en bête. Un prince doit se faire une réputation
de bonté, de clémence, de pitié, de loyauté et de justice. Il doit d’ailleurs avoir toutes ces bonnes
qualités, mais rester maître de soi pour en déployer de contraires, lorsque cela est expédient. Je
pose en fait qu’un prince, et surtout un prince nouveau, ne peut exercer impunément toutes les
vertus de l’homme moyen parce que l’intérêt de sa conservation l’oblige souvent à violer les lois de
l’humanité, de la loyauté… » (Le Prince, chapitre VIII)

Machiavel conçoit les Etats comme des monstres froids qui n’ont ni amis, ni ennemis,
uniquement des intérêts nationaux à défendre. Cette aspiration naturelle à la
souveraineté est la noble cause qui justifie l’emploi de tous les moyens pour sauvegarder
et agrandir la puissance d’un Etat. Mais elle est également la cause des rivalités et des
conflits inévitables et permanents entre les Etats,  raison pour laquelle la société
internationale ne peut être qu’anarchique.
Hobbes approfondira la pensée de Machiavel en montrant, dans Le Léviathan (1651),
qu’il existe une opposition radicale entre la société internationale et les sociétés
nationales.  Dans celles-ci, en l’absence d’un pouvoir organisé, les hommes vivent dans
un état d’anarchie où chacun est un concurrent avide de puissance et voit son droit le
plus fondamental, le droit à la vie, constamment menacé. Les hommes peuvent toutefois
sortir de cet état naturel de guerre et entrer en société en concluant un ‘pacte’ ou un
‘contrat social’ par lequel ils renoncent à leurs droits et libertés et confient le pouvoir à
un Prince ou à une Assemblée en échange de la protection de leur sécurité. Cependant,
un tel contrat social, garant de l’ordre et de la paix, n’est pas possible entre les Etats
puisqu’il impliquerait que ces derniers renoncent à leur souveraineté au profit d’un
gouvernement mondial unique.  La société internationale est donc condamnée à
demeurer anarchique et caractérisée par la méfiance et la force plutôt que par la
confiance et le droit.
« A tout moment, les rois et les personnes qui détiennent l’autorité souveraine sont à cause de
leur indépendance dans une continuelle suspicion et dans la situation et la posture des
gladiateurs, leurs armes pointées, les yeux de chacun fixés sur les autres. Je veux parler ici des
forts, des garnisons, de canons qu’ils ont aux frontières de leurs royaumes, et des espions qu’ils
entretiennent continuellement chez leurs voisins, toutes choses qui constituent une attitude de
guerre » ( Le Léviathan, chapitre XIII).

Comme le soulignent à juste titre Viotti et  Kauppi5, la vision des relations
internationales de Machiavel et Hobbes est cynique et pessimiste parce qu’elle tient
compte uniquement des relations diplomatico-stratégiques des Etats, essentiellement
caractérisées par la guerre – latente ou ouverte - à leur époque. Les précurseurs du
réalisme qui ont envisagé les relations internationales du point de vue économique
aboutissent à une conclusion plus optimiste. Tel est le cas de Hugo Grotius (1583-1645)
diplomate, juriste et historien hollandais contemporain de Hobbes. Etant donné
l’importance de la navigation et du commerce pour les Pays-Bas au tournant du XVIIe
siècle, Grotius plaide en faveur de la négociation de traités et de conventions
internationales destinées à assurer la paix et à garantir la liberté de la navigation et des
échanges. Dans son plus célèbre ouvrage,  De jure belli ac pacis, Grotius soutient que la
guerre ne peut être la seule forme des rapports entre Etats puisque la puissance de ces
derniers ne repose pas uniquement sur la sauvegarde et l’agrandissement de leurs
territoires; elle dépend également de leur prospérité économique, elle-même liée au
dynamisme de leur commerce avec les autres Etats.  Grotius est sans doute le premier
auteur à avoir défendu la thèse selon laquelle le développement du commerce est un
facteur de pacification et de réglementation des relations internationales. Dans la mesure
                                                
5 Id., ibid,  61.
où cette thèse a été reprise par les libéraux, Grotius est souvent considéré comme un
précurseur du libéralisme autant que du réalisme. Pourtant, alors que les libéraux
croient que l’extension du droit international mènera à la création d’institutions
supranationales et à l’instauration d’une paix universelle durable, Grotius envisage les
ententes juridiques entre Etats comme une conséquence de l’absence d’autorité centrale
au sein de la société internationale et un facteur susceptible de limiter mais non
d’éliminer le recours à la force.
Parmi les auteurs qui ont contribué à établir les fondements de la théorie réaliste, il
faut également mentionner Carl von Clausewitz ( 1780-1831). Dans son ouvrage De la
Guerre, ce dernier a apporté une contribution nodale à l’explication de la stratégie
militaire en expliquant que toutes les décisions prises sur un champs de bataille sont
caractérisées par l’incertitude. L’issue de toute guerre est imprévisible, car aucune
planification rationnelle des opérations militaires ne peut prévoir tous les obstacles qui
sont susceptibles d’entraver ou de faire échouer le déroulement de ces opérations.
L’influence de l’œuvre de Clauwewitz ne tient pas uniquement, cependant, au fait qu’il a
conceptualisé la notion d’incertitude qui deviendra, au XXe siècle, un des éléments
centraux de la théorie réaliste de l’acteur rationnel. Il a également montré que la guerre
est la continuation de la politique par d’autres moyens et que son issue repose, non
seulement sur les capacités militaires d’un Etat, mais sur ses ressources sociales et
économiques6. Enfin, il a soutenu que la finalité ultime d’une guerre était la paix, une
thèse qui, bien que reprise par l’école réaliste, demeurera incomprise des détracteurs de
cette école.

                                                
6 Cette thèse sera illustrée de façon magistrale par Paul Kennedy dans  The Rise and Fall of the
Great Powers (New-York : Vintage Books, l987).
Les réalistes  du XXe siècle7
Compte tenu que le réalisme a constitué le cadre d’analyse dominant des relations
internationales au XXe siècle, notamment dans les pays anglo-saxons, une multitude
d’auteurs ont contribué à son approfondissement et à sa systématisation. Il est
évidemment impossible de recenser ici tous leurs travaux. Nous nous attarderons sur
trois auteurs qui ont eu une influence particulièrement déterminante.
Hans J. Morgenthau est considéré par plusieurs comme le principal successeur
contemporain de Machiavel et Hobbes en raison de sa contribution majeure à la
conceptualisation et à la systématisation de la pensée réaliste classique8. Dans son
ouvrage le plus célèbre Politics among Nations. The Struggle for Power and  Peace9, il
définit ainsi cette théorie :
« (Le réalisme) croit que le monde, tout imparfait qu’il est d’un point de vue rationnel, est le
résultat de forces inhérentes à la nature humaine.  Pour rendre le monde meilleur, on doit agir
avec ces forces et non contre elles. Ce monde étant par inhérence un monde d’intérêts opposés et
de conflits entre ceux-ci, les principes moraux ne peuvent jamais être entièrement réalisés, mais
doivent au mieux être approchés à travers l’équilibrage toujours provisoire des intérêts et le
règlement toujours précaire des conflits(…) »10

Le réalisme politique, selon Morgenthau est basé sur six principes fondamentaux. 1)
La politique, comme la société en général, est gouvernée par des lois objectives qui ont
leurs racines dans la nature humaine. Il est donc possible de développer une théorie
rationnelle qui reflète au moins partiellement ces lois objectives.  Il est également
possible d’établir une distinction entre ce qui est vrai, objectivement et rationnellement
– i.e. soutenu par l’évidence et éclairé par la raison - et l’opinion. 2) La loi objective
                                                
7 Cette section et la suivante sont largement inspirées de Viotti et Kauppi, International Relations
Théory, chap.2
8 Pour d’autres, le principal instigateur du réalisme au XXe siècle est le théologien protestant
américain Reinhold Niebuhr (1892-1971) qui a notamment publié Christian Realism and Political
Problems (1954).
9 Hans J. Morgenthau, Politics among Nations. The Struggle for Power and Peace (New-York :
Alfred A. Knopf, 1ère éd., l950).
10 Braillard, Théories des relations internationales, 85.
fondamentale qui gouverne les relations internationales est le fait que les Etats agissent
toujours dans le but de défendre leur intérêt ou leur puissance politique, qui est
indépendante de l’économie, de l’éthique, de l’esthétique ou de la religion, bien qu’ils
prétendent souvent, sincèrement ou hypocritement, agir au nom de motivations morales,
humanistes et autres. 3) La puissance politique d’un Etat peut inclure toute chose qui
établit et maintient le contrôle de l’homme sur l’homme. Les conditions dans lesquelles
s’exerce la politique étrangère peuvent varier mais non la finalité de cette dernière. 4) Le
réaliste est conscient de l’inéluctable tension entre l’impératif moral et les exigences de
l’action politique mais il considère le respect de ces dernières comme la vertu suprême
en politique.  5) Le réaliste refuse d’identifier les aspirations morales particulières d’un
Etat avec la morale universelle. Si un Etat défend son intérêt politique tout en respectant
celui des autres Etats, il rend justice à tous. 6) Le réaliste croit à l’autonomie de la sphère
politique bien qu’il reconnaissance l’importance de d’autres sphères et la pertinence de
d’autres modes de pensée. Le réalisme repose sur une vision pluraliste de la nature
humaine mais il croit que pour saisir la dimension politique de cette dernière, il faut
l’aborder dans ses propres termes11.
Edward Hallett Carr’s   a également apporté une contribution majeure au
développement de la pensée des précurseurs du réalisme. Dans son œuvre jugée la plus
importante,  The Twenty Years’ Crisis l919-l93912, il se demande  pourquoi la paix
établie par le Traité de Versailles (1919) n’a duré que vingt ans. La réponse, dit-il, se
trouve chez Thucydides, Machiavel et Hobbes. La première guerre mondiale (1914-1918)
a été déclenchée par les puissances européennes (Autriche-Hongrie, Allemagne) qui
craignaient un affaiblissement de leur position au profit de d’autres puissances rivales
(Russie, France, Grande-Bretagne). Au départ, les Etats victimes d’agression ont riposté
                                                
11 Id., ibid, 82-96.
12 Edward H. Carr’s, The Twenty Years’s Crisis 1919-1939 (New-York : Harper and Row, l964).
pour protéger leur sécurité mais, progressivement, ils sont devenus de plus en belliqueux
et ont cherché à poursuivre la guerre dans le but d’affaiblir leurs ennemis et de réaliser
de nouvelles conquêtes. Suite à leur victoire, ils ont imposé à l’Allemagne vaincue de très
lourdes réparations, inspirées d’un esprit revanchard plutôt que réaliste,  ce qui a
contribué à alimenter le ressentiment, le réarmement et une nouvelle agression de
l’Allemagne en l939. Carr’s rejoint Morgenthau – et l’économiste anglais John Maynard
Keynes13 - lorsqu’il conclut que si les puissances victorieuses de la première guerre
mondiale avaient adopté une attitude réaliste et approuvé des traités qui défendaient
leurs intérêts tout en respectant ceux des puissances vaincues, la seconde guerre
mondiale n’aurait pas eu lieu.
Hedley Bull, autre auteur britannique, a pour sa part approfondi l’analyse de la
nature anarchique des relations internationales. Dans  The Anarchical Society. A Study
of Order in World Politics14, il soutient que la société internationale est anarchique dans
le sens où les Etats souverains qui la composent sont entièrement libres d’agir selon
leurs intérêts égoistes, n’étant soumis à aucune autorité supérieure. Cela ne signifie pas,
cependant, que le fonctionnement de la société internationale soit dénué de toute forme
d’ordre; cet ordre est toutefois créé par les Etats eux-mêmes. Ce sont notamment les
rapports de force et les règles coutumières de comportement qu’établissent les dirigeants
politiques et les normes morales communes auxquelles adhèrent les Etats. L’analyse de
Bull a une dimension pluraliste car elle combine les idées réalistes classiques de
Machiavel et Hobbes sur la puissance et l’équilibre des puissances, les thèses réalistes
hétérodoxes de Grotius sur les fondements du droit international et les aspirations du
philosophe libéral Emmanuel Kant relativement à l’instauration d’un ordre international
                                                
13 John Maynard Keynes, qui a participé à la négociation du Traité de Versailles à titre de
conseiller du premier ministre britannique Lloyd George, tire cette conclusion dans  Les
conséquences économiques de la paix (Paris : Gallimard, 1921).
14 Hedley Bull, The Anarchical Society. A Study of Order in World Politics (New-York : Columbia
University Press, l977).
fondé sur des normes morales universelles.  En ce sens, elle s’inscrit dans la mouvance
du néo-réalisme. En effet, comme nous le verrons plus loin, ce qui distingue
fondamentalement le néo-réalisme du réalisme classique ce sont ses emprunts  à
d’autres courants de pensée et plus spécifiquement au libéralisme.

Principaux concepts et thèses du réalisme
Pour la très grande majorité des réalistes classiques, les relations internationales sont
strictement les rapports politico-diplomatiques et stratégiques qu’entretiennent entre
eux les  Etats souverains dans un cadre bilatéral ou multilatéral informel – i.e. à
l’extérieur des organisations internationales -. Ces rapports sont nécessairement
caractérisés par la  rivalité ou la compétition, d’une part, parce que chaque Etat vise
naturellement et constamment à défendre et à accroître sa  puissance politique et
militaire; d’autre part, parce que la puissance est inégalement répartie au sein de la
société internationale; enfin parce qu’ il est impensable que les Etats acceptent de se
soumettre à une autorité centrale qui les obligeraient à coopérer entre eux. C’est
uniquement pour cette dernière raison que la société internationale est  anarchique, et
non pas parce qu’elle est entièrement dépourvue d’ordre et livrée totalement à la
violence. Les Etat souverains adhèrent librement et volontairement à des ententes et à
des règles qui maintiennent la dynamique des conflits inter-étatiques dans un cadre
pacifique. Toutefois, l’instauration d’une paix perpétuelle est inimaginable en raison de
la souveraineté, des ambitions, des inégalités et de la méfiance mutuelle des Etats qui les
placent dans un  dilemme de sécurité15 .  Le recours à la force est inévitable, mais
il n’est pas souhaitable et peut être limité. La guerre n’est pas souhaitable parce que, bien
qu’elle permette de redistribuer la puissance et d’instaurer une rotation de la suprématie
                                                
15 Voir John H. Herz, « Idealist Internationalism and Security Dilemna », World Politics, 5,no.2
(janvier l950), 157-80.
entre les Etats, ses coûts sont plus élevés que ses bénéfices. Les affrontements armés 
peuvent être évités pendant des périodes de temps plus ou moins longues grâce à deux
comportements des Etats : l’adoption de politiques défensives, isolationnistes ou
neutralistes et/ou l’instauration d’un  équilibre des puissances par la conclusion d’
alliances stratégiques.
"La première solution ( à la guerre) qui vient à l'esprit (des réalistes) consiste à rechercher entre
les forces en présence un équilibre qui fasse obstacle à la domination des plus puissants et qui
diminue les risques d'affrontements armés.  Pour parvenir à cet état d'équilibre (...), les Etats sont
incités non seulement à modérer leurs ambitions mais à conclure entre eux les alliances
nécessaires »16

Selon Thucydides et ses successeurs, c’est lorsqu’un Etat croit que sa puissance
politique et militaire est menacée par un autre Etat qu’il lui déclare la guerre. La
principale finalité des alliances que concluent les Etats entre eux est donc d’empêcher un
Etat tiers puissant de leur imposer sa domination. Ainsi, la Quadruple Alliance, conclue
en l815 par l’Autriche, l’Angleterre, la Russie et la Prusse, visait à contrer les visées
expansionnistes et républicaines de la France napoléonnienne. De telles alliances
favorisent la paix dans la mesure où elles créent un nouvel équilibre de la puissance.
Cette paix est toutefois relative, puisque les effets d’une alliance sont circonscrits à un
nombre restreint d’Etats et à une région,   et temporaire, puisqu’une alliance ne dure
que le temps où les Etats signataires ont un intérêt commun à y adhérer-. Ainsi la
Quadruple Alliance permit de vaincre Napoléon et de maintenir la paix entre l’Autriche
l’Angleterre, la Russie et la Prusse pendant trente ans (l815-1830). Elle fut ensuite
dissoute en raison notamment de la reprise des hostilités entre la Prusse et l’Autriche.
Une question a donné lieu à de nombreux débats chez les réalistes classiques : quelles
sont les conditions d’établissement d’une alliance stratégique? Selon Henry Kissinger,
les alliance stratégiques résultent essentiellement de la volonté des Etats, mais elles ne
                                                
16  Merle, Sociologie des relations internationales , 68.
peuvent exister qu’entre Etats dont les systèmes économiques, politiques et idéologiques
sont similaires, convergents ou compatibles. Durant la période la plus dure de la guerre
froide (l947-l956/60), Kissinger soutiendra qu’aucune alliance n’est envisageable entre
les Etats-Unis et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en raison du
caractère antagonique de leurs systèmes économiques et politico-idéologiques. La
dissuasion nucléaire  ou l’équilibre de la terreur lui apparaîtra, ainsi qu’à un très
grand nombre d’autres réalistes, dont Raymond Aron, la seule alternative susceptible de
maintenir la paix entre les deux superpuissances et à l’échelle mondiale. Durant la
période de détente ou de dégel qui suivra le XXe congrès du Parti communiste de l’Union
soviétique (PCUS), en l956, congrès marqué par la revision des principes du marxisme-léninisme, la dénonciation du stalinisme et l’adoption d’une nouvelle politique étrangère
fondée sur la coexistence pacifique avec l’ouest, Kissinger concluera, à l’instar de Aron17,
que les systèmes communiste et capitaliste étant désormais convergents, il est possible
d’envisager une alliance stratégique entre les deux superpuissances. Il sera, à titre de
Secrétaire d’état du président Richard Nixon, le principal négociateur des  Strategic
Arms Limitation Talks (SALT) I et II entre les Etats-Unis et l’Union soviétique au cours
de la période l969-l973.  Le contenu des accords SALT I et II18 illustre clairement les
principes inhérents aux alliances stratégiques concluent volontairement par des Etats
dont les systèmes économiques et politiques sont convergents : la confiance mutuelle,
                                                
17 Voir : Henry Kissinger, Pour une nouvelle politique étrangère américaine (Paris : Fayard,
l970); Id.,  Le chemin de la paix (Paris : Denoël, l972); Raymond Aron, Paix et Guerre entre les
Nations .
18 Les accords Salt I, adoptés en l972, limitaient à deux  le nombre de systèmes de missiles anti-ballistiques que pouvait posséder chacune des deux superspuissances. Les accords Salt II,
négociés entre Nixon et Brejnev lors du Sommet de Washington de l973, prévoyaient : (1) un gel
permanent des forces offensives stratégiques; (2) un contrôle mutuel des arsenaux d’armes
offensive; (3) une réduction mutuelle des forces stratégiques. Le traité Salt II, signé à Vienne en
l979, ne fut jamais ratifié par le Congrès américain. Dans les faits toutefois, l’URSS et les Etats-Unis acceptèrent informellement d’être liés par SALT II… que le président Ronald Reagan
convertit en Stratégic Arms Reduction Talks (START) durant les années ’80. Russes et américains
négocient actuellement, en 2001, la troisième génération d’accords START.
assurée par la possibilité pour chaque membre d’être informé sur l’évolution  et la
modernisation des armements des autres membres et la volonté commune des membres
de parvenir à un équilibre de leurs forces militaires. Ce principe, qui relève du contrôle
des armements, n’est pas incompatible toutefois avec la  course aux armements,
i.e. la possibilité pour les membres d’une alliance d’améliorer la performance et
l’efficacité de leurs armements. La vision réaliste des alliances stratégiques est donc très
éloignée du désarmement revendiqué par l’école libérale.

Le libéralisme

Comme le souligne André Liebich « le terme libéral vient du mot latin  liber c’est-à-dire libre…mais cette première constatation ne donne qu’un aperçu partiel du
libéralisme. Liberté de quoi et liberté pour quoi ? »19 Au départ, i.e. au XVIe et XVIIe
siècles, les penseurs et les partisans européens du libéralisme veulent se libérer des
contraintes imposées par les sociétés de leur époque. La première liberté qu’ils
recherchent est celle de croire dans la religion de leur choix, de suivre leur propre
conscience et leur propre raison. Cette liberté implique la liberté d’expression et la
liberté de militer en faveur de ses idées, donc de s’organiser sans crainte de représailles.
Dans la mesure où ces revendications se heurtent au despotisme politique des
monarchies absolutistes, instigatrices des premiers Etats-Nations centralisés de la fin du
Moyen-Age, le libéralisme deviendra un mouvement de lutte en faveur de l’instauration
d’un régime politique qui place les libertés individuelles au-dessus de tout : la
démocratie. C’est en faisant de l’individu la seule unité d’analyse possible, la principale
unité de valeur que le libéralisme acquiert un caractère révolutionnaire ou radicalement
                                                
19  André Liebich, Le libéralisme classique (Québec : Presses de l’Université du Québec, l985) 13-29. Cette section du texte est largement inspirée de l’introduction de cet ouvrage.
nouveau par rapport aux idées des époques antérieures de l’histoire et notamment par
rapport au réalisme pour lequel l’acteur essentiel est l’Etat souverain.
Si le libéralisme s’inspire des idées des premiers penseurs grecs de la démocratie,
tels Platon et Aristote, il se démarque aussi de ces dernières en appréhendant l’individu,
non pas comme un « animal politique » naturellement porté à vivre en société, mais
comme un être libre de tout lien social et apolitique. Les libéraux imaginent l’état de
nature antérieur aux sociétés organisées, non pas comme une jungle où l’homme est un
loup pour l’homme, à l’instar de Hobbes, mais comme un état dans lequel les hommes
vivent libres, égaux et en harmonie relative. La conception libérale de l’état de nature
n’est pas déduite d’une observation de la réalité existante, comme chez les réalistes; elle
est une construction de l’esprit – le mythe du bon sauvage de Jean-Jacques Rousseau -
destinée à légitimer les revendications en faveur du respect des droits naturels de
l’homme.
« Les droits naturels sont les droits que chaque individu réclame simplement en tant
qu’être humain. La définition de ces droits varie : on évoque le droit à la vie, à la liberté, à la
sécurité, à la propriété…les droits naturels ont ceci de commun qu’ils sont inaliénables…ou non
négociables. La notion de loi naturelle est reliée de très près à celle de droit naturel….La loi
naturelle consiste en des préceptes qui sont obligatoires pour toute l’humanité. Elle est parfois
conçue de façon descriptive; pour les économistes libéraux, les lois de fonctionnement du marché
sont des lois naturelles. Mais la loi naturelle est surtout prescriptive.  Chez Hobbes, elle oblige les
hommes à préserver leur propre vie, à chercher la paix si c’est possible et à faire la guerre si c’est
nécessaire. Chez Locke, elle impose aux hommes l’obligation non seulement de préserver leur
propre vie, mais de concourir à la préservation de la vie des autres, à leur porter secours »20.

Pour le libéral, l’homme est un être autonome, séculaire et rationnel. C’est surtout un
individu doté de droits naturels qui ne connaît pas d’unité de valeur supérieure à lui-même et dont la raison s’exerce par le calcul de ses intérêts propres. Comment peut-il
dans ces conditions vivre en harmonie avec ses semblables ? C’est que, répond Adam
Smith, pour satisfaire ses intérêts et ses besoins personnels chaque individu a besoin des
autres et qu’au fur et à mesure qu’il satisfait ses intérêts il satisfait insconsciemment les
                                                
20 Id., ibid., 17
intérêts des autres et de l’ensemble. Pour les réalistes, le fait que chaque individu
cherche à maximiser son pouvoir est la source de conflits au sein de la société. Pour les
libéraux, la concurrence entre les individus est génératrice d’équilibre et de progrès. La
société est possible en tant que somme des intérêts individuels égoistes car « Les
relations sociales se fondent sur l’échange des biens, matériels comme symboliques,
possédés par les uns et réclamés par les autres. »21 Ceci étant, les libéraux ajoutent que,
pour que chacun trouve son compte dans l’échange, il faut que ce dernier soit régulé par
des lois qui garantissent des conditions égales de concurrence à tous. Ceci implique que
l’Etat adopte des lois qui concilient les intérêts divergents des individus, qui incarnent
l’intérêt général et la Raison. Seul un Etat démocratique dont les législateurs sont élus au
suffrage universel et dépositaires de la volonté populaire est donc en mesure de jouer ce
rôle. Les libéraux  admettent cependant que certains citoyens peuvent contrevenir aux
lois et menacer la sécurité, la propriété et les libertés des autres citoyens. L’Etat doit
donc disposé d’un pouvoir législatif (parlement), exécutif (gouvernement), judiciaire et
répressif ( armée, police). La théorie libérale, on le constate, recèle  une contradiction : 
d’une part elle affirme que les lois naturelles donnent à la société la possibilité de s’auto-réguler et de résorber ses conflits; d’autre part, elle défend la nécessité d’un Etat
législateur, justicier et gardien armé. Au-delà de cette contradiction, une conclusion
évidente se dégage de cet énoncé de principes : le seul modèle de société qui est capable
de donner corps ou substance aux droits et aux lois naturelles est celui qui conjugue un
système économique capitaliste et un régime politique démocratique.
C’est la transposition de ces deux systèmes au plan mondial qui assurera, selon les
libéraux, l’instauration d’une paix universelle durable. Si les réalistes sont convaincus
que les Etats ne renonceront jamais complètement et définitivement à leur souveraineté,
pour se soumettre au droit international ou à une autorité supranationale, les libéraux
                                                
21 Id, ibid, 18
pensent qu’un tel renoncement est possible si les Etats sont démocratiques, ce qui
implique qu’ils accordent la primauté aux droits individuels plutôt qu’aux droits
collectifs de la nation, et s’ils sont interdépendants et relativement égaux au plan
économique en raison du développement du libre-échange.

Les précurseurs du libéralisme
Les précurseurs du libéralisme, bien qu’influencés par les idées de  certains
philosophes grecs dont  Platon (428–348 av. J.C.) et  Aristote (384-322 av. J.C.) sont
essentiellement des auteurs ouest-européens, philosophes, économistes, financiers,
juristes et médecins des XVIIe, XVIIIe et début XIXe siècles. Bien que plusieurs d’entre
eux, dont les allemands Gottfried Wilhelm  Leibniz (1646-1716), Emmanuel  Kant
(1724-1804) et Johann Gottlieb  Fichte (1762-1814), le hollandais Baruch  Spinoza
(1632-1677) et les français Charles de  Montesquieu  (1689-1755), Jean-Jacques
Rousseau (1712-1778) et Jean-Baptiste Say (1767-1832) aient apporté une contribution
décisive à cette théorie, les idées des libéraux anglais ont eu une influence plus marquée
parce qu’elles ont été adoptées et appliquées par les deux puissances dominantes des
XIXe et XXe siècles : la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Nous nous concentrerons
donc sur ces derniers en nous référant aux plus importants : John  Locke (1632-1704),
David Hume (1711-1776), Adam Smith (1723-1790), David Ricardo (1772-1823) et
Jeremy Bentham (1748-1832).
Tous ces auteurs, et en particulier John Locke dans son  Deuxième traité sur le
gouvernement civil (1689) et David Hume dans son Traité de la nature humaine (1737)
ont insisté sur la primauté des droits naturels individuels, dans les domaines politique et
économique et la nécessité de limiter le rôle de l’Etat à la création et au maintien de
conditions économiques, sociales et politiques propices aux échanges entre individus, le
marché étant le lieu essentiel de réalisation des aspirations individuelles au bien-être et
au bonheur. David Ricardo dans ses  Principes d’économie politique (1718) et Adam
Smith, dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations (1776)
ont mis l’emphase sur le rôle de l’entrepreneur qui doit être soumis au minimum de
contraintes par l’Etat  Quant à l’utilitariste Jeremy Bentham, il a systématisé la thèse
selon laquelle les individus sont des êtres rationnels, qui cherchent à maximiser leurs
plaisirs – dont la richesse est un élément nodal – et qui sont capables de calculer par
eux-mêmes ce qui est moralement bon ou mauvais pour eux, sans intervention de l’Etat
ou de l’Eglise22. L’Etat minimal – à l’opposé de l’Etat totalitaire de Hobbes – est
nécessaire et possible pour les libéraux, parce que les intérêts des individus ne sont pas
antagoniques : ils sont compatibles et convergents. La concurrence au sein du marché
améliore le bien-être matériel général et la compétition des idées engendre une
augmentation du bon sens ( raison) politique.  Il est logique, par conséquent, que les
libéraux attribuent un rôle positif à l’opinion publique considérant que celle-ci doit
orienter les politiques publiques, dont la politique étrangère. Ceci explique qu’il rejettent
la conception réaliste de l’Etat en tant qu’acteur unitaire.
Les libéraux admettent que la société internationale est constituée d’Etats
indépendants qui rivalisent pour la défense de leurs intérêts propres, comme les
individus compétitionnent au sein de chaque Etat pour la satisfaction de leurs intérêts et
besoins. Cependant les relations internationales peuvent être civilisées et pacifiées au
même titre que les relations inter-personnelles si elles sont fondées sur le capitalisme, le
droit et la démocratie.  L’expansion du marché ou des échanges internationaux rend la
guerre plus coûteuse pour les Etats. Le développement du droit international et des
organisations internationales contribuent au règlement des conflits et au renforcement
de la coopération entre Etats. L’extension de la démocratie, quant à elle, diminue les
                                                
22 Les principales œuvres de Jeremy Bentham sont Introduction aux principes de la morale et de
la législation (1789), Traité des peines et des récompenses (1811) et Déontologie (1834).
risques d’affrontements armés en soumettant les dirigeants politiques au pouvoir des
citoyens, qui sont par nature et par intérêts favorables à la paix. Selon les philosophes
libéraux rationnalistes idéalistes tels Kant et Friedrich  Hegel, le recours à la force est
l’apanage des Etats autoritaires nationalistes gouvernés par la passion ou l’instinct du
pouvoir. Il est appelé à disparaître au fur et à mesure du développement des
connaissances, du savoir et de la Raison, dont les démocraties sont l’incarnation.  Le
triomphe  de la Raison et de la démocratie à l’échelle  mondiale signifiera la fin de
l’Histoire ( des guerres) et l’instauration d’une paix universelle durable.

Les libéraux du XXe siècle
Les continuateurs de la pensée libérale classique au XXe siècle sont peu nombreux, le
libéralisme ayant donné naissance à divers développements et reformulations à partir de
la seconde moitié du XIXe siècle.  Les présidents américains Thomas Woodrow Wilson
(1856-1924) et Franklin Delano Roosevelt (1882-1945) sont souvent considérés comme
des représentants du libéralisme classique parce qu’ils ont défendu ardemment la
création d’organisations  internationales vouées au maintien de la paix à l’issue des deux
guerres mondiales -  la Société des Nations (SDN) et l’Organisation des Nations-Unies
(ONU) – et qu’ils ont soutenu la thèse d’une relation de cause à effet entre l’amélioration
de la prospérité, grâce au développement du commerce, et le maintien de la paix23. 
Selon Colard, c’est chez les juristes qu’on retrouve les principaux défenseurs du
libéralisme classique au XXe siècle24. Chez les positivistes, la société internationale est
présentée comme une juxtaposition d’Etats souverains et égaux, le droit international
public étant conçu comme un « droit interétatique » qui repose sur les relations
contractuelles librement négociées par les personnes morales que sont les Etats.  Les
                                                
23 Pour une analyse de la pensée libérale de Woodrow Wilson, voir Félix Gilbert, « ‘New
Diplomacy’ of the Eighteenth Century », World Politics, 4 (octobre l951), 1-38.
24 Colard, Les relations internationales, 31-32.
juristes objectivistes, quant à eux, sont opposés à la souveraineté des Etats et
soutiennent que la société internationale est une société d’individus et de groupements
d’individus. Ainsi, Georges  Scelle, dans son Précis de droit des gens (l932), part de
l’idée que les rapports internationaux ne s’établissent qu’entre les personnes qui sont
liées les unes aux autres par des liens de solidarité. Les rapports interpersonnels doivent
se substituer aux rapports interétatiques. Le droit est un produit de la vie sociale. Il n’y a
pas de différence de nature entre la société internationale et la société nationale. Dans les
deux cas, l’individu occupe la première place. Selon cet auteur, un minimum d’ordre
règne déjà dans le milieu international. Les gouvernements agissent tantôt pour le
compte de l’Etat, tantôt pour l’ensemble de la Communauté internationale. Parfois la
collaboration et la coopération des Etats débouche sur un véritable gouvernement
international comme dans le cas du Concert européen au XIXe siècle.

Principaux concepts et thèse du libéralisme
Pour les libéraux, les relations internationales sont les rapports de toute nature que
les  Etats, les  organisations gouvernementales et  non gouvernementales et les
individus entretiennent entre eux dans un cadre bilatéral ou multilatéral, formel ou
informel. Ces rapports sont caractérisés par la  compétition. Toutefois celles-ci peut
être pacifique et assortie de coopération si elle est régulée par un système de droit
international fondé sur la primauté des intérêts individuels.  L’extension de la
démocratie et des  échanges est le principal gage d’atteinte de cet objectif car, en
minant la souveraineté des Etats et en renforçant leur interdépendance, elle les force
à tenir compte davantage des intérêts des citoyens et de la société civile d’une part, et à
conclure des ententes de coopération d’autre part. L’anarchie et la guerre sont des
résultantes du nationalisme. La dilution des frontières qu’implique la mondialisation de
la démocratie et du capitalisme éliminera ces menaces en favorisant le  désarmement
et en permettant, sinon l’avènement d’un  gouvernement mondial, du moins
l’instauration d’un système international fortement intégré.

Le marxisme

Les fondateurs du marxisme
La théorie marxiste tire son nom de son fondateur, l’historien, économiste et
philosophe allemand Karl Marx (1818-1883). Cette appellation ne rend pas justice à
Friedrich Engels (1820-1895), économiste et homme politique allemand, dont l’œuvre
est indissociable de celle de Marx25.  Si le libéralisme est né en réaction contre le
réalisme, le marxisme s’est développé sur la base d’une critique du libéralisme, en
particulier celle de la philosophie dialectique idéaliste de Friedrich Hegel (1770-1831) et
de l’économie politique de Smith et Ricardo.
Selon Hegel, c’est le mouvement dialectique entre le développement de la conscience
ou du savoir et le développement de la réalité économique, sociale et politique qui est le
moteur de l’histoire. La progression des connaissances engendre une transformation de
la réalité qui à son tour suscite un nouvel avancement des connaissances…jusqu’à la
réalisation du Savoir absolu ou de la Raison qui engendrera la réalisation d’une société
libre, égalitaire et juste – la Démocratie -. La philosophie marxiste, le matérialisme
dialectique, soutient a contrario que ce sont les transformations matérielles d’existence
                                                
25 Marx lui-même s’est opposé au terme marxiste parce que ce dernier servait à désigner
plusieurs conceptions divergentes de la sienne.  Pour une analyse de la pensée internationale de
Marx et Engels, voir notamment : Miklos Molnar,  Marx, Engels et la politique internationale
(Paris : Gallimard, l975).
qui déterminent l’évolution des idées, celles-ci suscitant de nouveaux changements de la
réalité…jusqu’à l’avènement d’une société égalitaire et juste – le communisme26.
L’analyse de l’évolution des société humaines sur la base du  matérialisme dialectique
a donné naissance à la théorie marxiste de l’histoire, le matérialisme historique. Selon
cette théorie, développée notamment par Marx dans le premier tome du Capital (1867)
et Engels dans  L’Origine de la famille, de la propriété et de l’Etat (1884), depuis
l’apparition de la propriété privée et de l’Etat toutes les sociétés – esclavagistes, féodales,
capitalistes – ont été divisées en classes : une classe dirigeante, qui contrôle les moyens
de production de la richesse économique et l’Etat; une classe opprimée qui rassemble
ceux qui produisent la richesse par leur travail sans exercer de contrôle sur les moyens
de production et le pouvoir politique; et des classes intermédiaires qui sont constituées
par ceux qui exercent un contrôle restreint sur le pouvoir économique et/ou politique,
par exemple les fonctionnaires, les artisans, les intellectuels et les fermiers. C’est la
transformation des  rapports de production économiques et  la lutte entre les
classes sociales qui en résulte qui déterminent la transition d’un type de société à un
autre. Tel est le sens qu’il faut donner au célèbre aphorisme du Manifeste du parti
communiste (1848) : « Toute l’histoire de la société humaine jusqu’à ce jour est l’histoire
de la lutte des classes ». Selon Marx et Engels, la lutte des classes n’est ni une fatalité, ni
une caractéristique de l’essence humaine : elle n’existait pas avant la naissance de la
propriété privée, à l’époque du communisme primitif, et elle disparaîtra avec le
remplacement du capitalisme par le communisme.
Les raisons pour lesquelles le capitalisme est inévitablement condamné à être
supplanté par le communisme sont expliquées dans plusieurs ouvrages dont   Travail
Salarié et Capital (1849), Contribution à la critique de l’économie politique (1859) et le
                                                
26 Les idées philosophiques de Marx et Engels ont été exposées dans plusieurs ouvrages dont La
critique du droit de la philosophie de Hégel (1844), les  Thèses sur Feuerbach (1845),  La Sainte
Famille (l845) et L’Idéologie allemande (1846)
premier tome du  Capital. Smith et Ricardo avaient soutenu que, dans le cadre du
capitalisme, c’est la valeur produite par le travail qui est la source de la richesse. Marx et
Engels se démarquent de cette théorie en affirmant que seul le travail de l’ouvrier est
producteur de valeur et que le profit du capitaliste provient de la plus-value, qui est la
partie du travail de l’ouvrier qui ne lui est pas payée en salaire.  Contrairement à  Smith
et Ricardo qui considéraient que la concurrence garantissait le libre-accès à la propriété
privée pour tous, ils affirment que les lois naturelles du capitalisme – la recherche du
profit maximal et la  baisse tendancielle du taux de profit – engendrent
inévitablement la concentration du capital et des moyens de production, ce qui provoque
des crises de sur-production, une augmentation du chômage et un appauvrissement des
classes opprimées. Selon Smith et Ricardo, la survie du capitalisme dépend de
l’élargissement de son marché et de ses débouchés, donc de son expansion à l’échelle
mondiale.  Marx et Engels reconnaissent la validité de cette assertion, mais loin de voir
cette expansion comme la source première de l’enrichissement des nations, il la
considère comme la cause de  l’internationalisation de la concentration du
capital et des maux associés à cette dernière.  En se développant  le capitalisme crée
donc, selon eux, des conditions objectives favorables à la  révolution socialiste
mondiale. Cette révolution ne peut être victorieuse que si elle est dirigée par le
prolétariat, d’une part parce que c’est cette classe qui est la productrice du profit;
d’autre part, parce que le prolétariat n’a rien à perdre et tout à gagner dans cette
révolution puisque,  contrairement aux autres classes, incluant la paysannerie, il est
dépossédé de toute propriété. De là le célèbre appel du Manifeste du parti communiste :
« Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! ». Dans  La Guerre civile en France (1871),
autopsie de l’échec de la Commune de Paris qui fut la première tentative de révolution
socialiste de l’histoire, Marx affirme toutefois que cette révolution ne peut être
victorieuse que si le prolétariat dispose d’une organisation politique capable de
s’emparer de l’Etat qui est l’instrument essentiel de défense des intérêts de la
bourgeoisie.
Au-delà de ces réflexions, la théorie de Marx et Engels contient fort peut
d’enseignements sur la manière de faire la révolution et sur les caractéristiques du
régime communiste qui succédera à cette dernière. Seuls  quelques écrits, dont  La
guerre civile en France, apportent certaines précisions sur ces questions. Suite à la
révolution prolétarienne, la construction de la société nouvelle s’effectue en deux
phases : la phase socialiste, durant laquelle l’Etat de dictature du prolétariat socialise
progressivement tous les moyens de production, élimine les classes sociales et répartit
les biens selon le principe «  à chacun selon son travail »; et la  phase ultérieure  du
communisme, caractérisée par la disparition définitive des classes et de l’Etat.
« Le communisme est un paradis. L’histoire s’arrête. Un homme nouveau apparaît. Les
contradictions ont disparu. La société est sans classe, fraternelle et unanime. Tous les biens
existent en abondance. Chacun reçoit selon ses  besoins. Enfin, c’est une société sans appareil
répressif et coercitif. La machine étatique a été selon les termes d’Engels « reléguée au musée des
antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze »27


Les successeurs du marxisme
De toutes les théories, celle de Marx et Engels est sans doute celle qui a donné lieu au
plus grand nombre d’interprétations divergentes. Ceci est dû en grande partie au fait que
les théoriciens les plus influents du marxisme après Marx ont été les dirigeants des partis
et des Etats communistes et que ces derniers, faute d’enseignements précis des
fondateurs sur l’organisation de la révolution et la construction du socialisme, ont
élaboré des compléments à la doctrine qui correspondaient à leurs visions, à leurs
intérêts, à leurs expériences particulières et aux conditions spécifiques de leur époque.
Cet ouvrage établit une distinction entre ces penseurs, qui prétendent être les véritables
                                                
27 Colard, Les relations internationales,37.
successeurs de Marx et Engels, et les intellectuels néo-marxistes de la période
postérieure à l945 dont les théories synthétisent les idées de une ou plusieurs variantes
du marxisme et celles de d’autres théories.
Vladimir Ilitch Oulianov Lénine (1870-1924) fondateur du parti bolchévik, dirigeant
de la révolution russe de l917 et premier chef d’Etat de l’URSS est, avec Rosa
Luxemburg (1870-1919), fondatrice du parti communiste allemand, le premier auteur à
avoir systématisé et adapté aux conditions du XXe siècle la théorie marxiste des relations
internationales.  Ses deux ouvrages les plus importants sur le sujet sont L’Impérialisme,
stade suprême du capitalisme  (1916) et  L’Etat et la Révolution (1917). Selon Lénine,
dont les thèses rejoignent largement celles de Luxemburg, le capitalisme est parvenu à
son stade ultime – l’impérialisme - en raison de l’accélération sans précédent de la
concentration du capital et des moyens de production depuis l870. Désormais les
économies de chaque pays capitaliste sont contrôlées par des oligopoles financiers, nés
de la fusion des grandes entreprises bancaires et industrielles. Ces oligopoles rivalisent
férocement pour le partage du monde. Cette rivalité, qui s’accroît au fur et à mesure
qu’augmente le nombre de pays capitalistes participant à la chasse aux territoires et aux
ressources encore disponibles, est la cause des crise économiques mondiales et des
guerres que se livrent les Etats, à la solde des oligarchies financières nationales. Seule
l’élimination de l’impérialisme par une révolution prolétarienne mondiale permettra de
rétablir la prospérité économique et la paix.  Selon Lénine, la guerre de l914-1918 est le
type même de guerre entre puissances impérialistes rivales. Elle a pour but un nouveau
partage du monde, une redistribution des colonies et la création de nouveaux espaces
pour le capital financier. C’est cette analyse qui justifiera, en 1917, l’appel du parti
bolchévik en faveur d’une  transformation de la guerre inter-impérialiste en révolution
socialiste, appel dont l’application sera couronnée de succès en Russie, mais non dans les
autres pays, tel l’Allemagne où les tentatives de révolution communiste de l918 et l919 
seront écrasées.
L’échec de la révolution socialiste mondiale, dans le contexte de la guerre de l914-18,
explique que cette thèse ait perdu de son influence par la suite, sauf chez certains leaders
révolutionnaires comme Léon Trotsky (1879-1940). Le successeur de Lénine,  à la tête
de l’URSS, Joseph Staline (1879-1953) prétendra « qu’il est possible de  construire le
socialisme dans un seul pays », grâce au renforcement de la dictature du prolétariat et à
l’appui des partis communistes des autres pays. Néanmoins, à la fin de la seconde guerre
mondiale, il négociera avec ses alliés, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, un partage de
l’Europe qui permettra à l’URSS d’imposer le communisme aux pays limitrophes de sa
frontière occidentale28.  Nikita Khrouchtchev (1894-1971) désavouera le stalinisme et
procédera à une revision du marxisme-léninisme. Trois thèses en particulier
caractérisent le révisionnisme soviétique, issu du rapport Krouchtchev présenté en l956
au XXe congrès du PCUS  : la révolution prolétarienne n’est pas nécessaire, le socialisme
peut être instauré de manière pacifique, par la voie électorale;  la dictature du prolétariat
n’est pas une étape incontournable de la construction du socialisme, celle-ci est
compatible avec l’existence de certains principes capitalistes; les Etats communistes
doivent développer une politique de coexistence pacifique avec l’ouest, en raison de la
menace nucléaire. Son successeur, Leonid  Brejnev (1908-1982), ajoutera à cette
nouvelle politique révisionniste la thèse de « la souveraineté limitée des Etats
socialistes », conçue afin de justifier l’intervention de l’armée rouge soviétique en
Tchécoslovaquie, en l96829.
                                                
28 Entente conclue lors du Traité de Yalta de l945.
29 Cette intervention mit fin au « printemps de Prague », i.e. au mouvement de réformes  visant à
réintroduire certains principes  libéraux capitalistes dans le fonctionnement économique et
politique du système socialiste tchèque. Sur la vision internationale des dirigeants soviétiques,
voir notamment : V. Kubalkova,  Marxism-Leninism and the Theory of International Relations
(Londres/Boston : Routledge and Kegan Paul, l980). 
« Selon celle-ci, le Parti communiste au pouvoir est responsable non seulement devant sa propre
classe ouvrière mais aussi devant l’ensemble du mouvement communiste international. En cas de
déviation ou de trahison, l’URSS a le devoir d’intervenir pour préserver les acquis du socialisme,
étant entendu que Moscou est le seul pays qualifié pour en décider et qu’il est le gardien du
système » 30.

Youri Andropov et Constantin Tchernenko poursuivront dans la voie idéologique
tracée par Krouchtchev et Brejnev durant leur court séjour au pouvoir (l982-85). Leur
remplaçant, Mikhail Gorbatchev (1931…),  abandonnera toutefois le révisionnisme au
profit du libéralisme. Il s’engagera dans un processus de réformes caractérisé par la
réintroduction des principes de l’économie de marché ( la  perestroika) la
démocratisation du système politique (glasnost) et la coopération pacifique avec les
Etats-Unis et l’Europe occidentale, réformes qui aboutiront à la disparition du
communisme, à la fin de la guerre froide et à l’éclatement de l’URSS (1990-91).
Les dirigeants de l’URSS ne parviendront jamais à imposer totalement leur vision du
marxisme au mouvement et aux  régimes communistes  au cours de la période
postérieure à la seconde guerre mondiale. La contestation de l’autorité idéologique de
Moscou sera plus ou moins radicale et elle sera justifiée par des motivations diverses,
souvent même radicalement opposées.  Ainsi le maréchal Jossip Broz Tito (1882-1990)
fera de la Yougoslavie un Etat indépendant du bloc soviétique, notamment parce que
Staline refusait son modèle de socialisme fondé sur l’autogestion plutôt que la propriété
collective d’Etat.  Les communistes hongrois, sous la direction de Imre Nagy, et les
communistes tchèques, sous la direction d’Alexandre Dubcek, tenteront sans succès, en
l956 et l968, d’instaurer un modèle socialiste plus libéral que celui de l’URSS. L’Albanie
de Enver  Hoxha  (1908-1985) et la Chine de  Mao Tsé-toung (1893-1976) rompront
leurs relations avec Moscou en l960 pour protester contre le reniement de l’héritage de
Staline par Khrouchtchev. Dans les pays du tiers-monde, le mouvement communiste se
                                                
30 Colard, Les relations internationales, 39.
démarquera à maints égards, tant des idées du marxisme originel, que de celles du
marxisme révisionniste soviétique. Les mouvements de décolonisation ou de libération
nationale, suivis de l’instauration d’un régime socialiste (Chine, Cuba, Vietnam)
inciteront leurs leaders – Mao Tsé-toung,   Ho Chi Minh (1890-1969) et Fidel Castro
(1927…) – à soutenir que la révolution socialiste peut-être victorieuse dans des pays qui
n’ont pas fait l’expérience du capitalisme et qui ne possèdent pas un prolétariat
susceptible de mener une lutte frontale contre la classe dominante, si elle est dirigée par
un parti communiste qui s’appuie sur la paysannerie et une stratégie de guerilla rurale.
En fait, en Amérique latine, en Afrique et en Asie, les stratégies de lutte révolutionnaire
et les expériences socialistes varieront énormément tout en se démarquant de
l’expérience soviétique.
La rupture sino-soviétique aura d’importantes répercussions sur l’idéologie et la
pratique du mouvement communiste. Elle conduira à des scissions au sein des partis
communistes pro-soviétiques et à la création de nouveaux partis marxistes-léninistes se
réclamant de la pensée de Staline, Mao Tsé-toung et Enver Hoxha. Dans les faits, la
politique de ces partis sera largement inféodée à la politique étrangère de la République
populaire de Chine (RPC). Celle-ci, dont l’objectif véritable est de permettre à la RPC
d’accéder au statut de grande puissance mondiale, cherchera à rassembler dans une
vaste coalition contre les deux superpuissances américaine et soviétique  les pays
dépendants du tiers-monde, les mouvements de libération nationale et les mouvements
révolutionnaires des pays développés.  Le réseau des nouveaux partis marxistes-léninistes ne sera qu’un des instruments de cette politique, les autres étant le soutien de
la RPC à  plusieurs mouvements de guerilla, en Asie de l’est et du sud-est notamment , et
la création du Mouvement des pays non alignés, en l955, avec la collaboration de certains
dirigeants ‘anti-impérialistes’ du tiers-monde : Ahmed Sukarno, Gamal Abdel Nasser,
Jossip Broz Tito et Jawaharial Nehru-
L’échec et la disparition de la majorité des régimes socialistes et communistes, au
cours des années quatre-ving dix, ont discrédité les idées des fondateurs et des
successeurs du marxisme. Cependant, quoiqu’atténuée, l’influence des variantes de cette
théorie subsiste dans la littérature, notamment celle des néo-marxistes, et dans
différents milieux. Deux raisons en particulier peuvent être invoquées pour expliquer ce
fait. D’une part, comme le soulignent Kuhn et Imre Lakatos, même si une théorie est
infirmée par les faits, elles continuera à être utilisée pendant une longue période en
raison de l'attachement des chercheurs à ses valeurs  et de l'intérêt qu'ils ont à défendre
ces dernières31. D’autre part, si la théorie marxiste du socialisme a été infirmée par la
faillite des socialismes réels, l’analyse marxiste des lois et des contradictions du
développement capitaliste est à divers égards corroborée par la dynamique actuelle de
mondialisation du capitalisme.


                                                
31 Kuhn, La structure des révolutions scientifiques; Imre Lakatos, Histoire et méthodologie des
sciences : programmes de recherche et reconstruction rationnelle (Paris : Presses universitaires
de France, 1994).

Posted By Unknown14:58

mardi 29 octobre 2013

BUTS ET PRINCIPES des Nations Unies

 BUTS ET PRINCIPES
Les buts des Nations Unies sont les suivants :

1- Maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix;


2 - Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde;


3 - Réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d'ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, en développant et en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, ce sexe, de langue ou de religion;

4 - Etre un centre où s'harmonisent les efforts des nations vers ces fins communes.
                   Charte de San Francisco, 26 juin 1945


Posted By Unknown14:30

samedi 12 octobre 2013

Resumé du régime parlementaire de la Grande-Bretagne

  Le régime britannique est marqué par le bipartisme, c'est-à-dire l'existence de deux partis qui
se succèdent au pouvoir : la parti conservateur et le parti travailliste. Ce bipartisme est le résultat du
mode  de  scrutin  majoritaire  à  un  tour  qui  impose  aux  électeurs  de  voter  utile  et  donc  de  se
détourner d'un troisième parti plus proche de leurs convictions dans la mesure ou celui-ci a peu de
chances de participer à la lutte pour le pouvoir. Par ailleurs, ce troisième parti, sachant qu'il a peu de
chances  de  l'emporter,  ne  présente  pas  des  candidats  dans  tous  les  circonscriptions  et  pratique  les
alliances électorales avec l'un des deux grands partis.
  Le mode de scrutin favorise l'émergence de majorités parlementaires stables dans la mesure
ou  il  permet  la  sur-représentation  des  deux  grands  partis,  et  sous-représente  le  troisième  part,  la
parti  libéral-démocrate,  à  l'exception  de  la  période  1974-1979  marqué  par  une  certaine  instabilité.
Par ailleurs, lors du vote, le nom du leader de chaque parti étant connu et le leader du parti gagant
les  élections  devenant  le  Premier  ministre,  les  électeurs  votent  plus  pour  un  homme  que  pour  un
parti.


   
La  régime  britannique  est  doté  d'une Constitution  non  écrite. Cette  dernière  est  un
constitution  souple  c'est-à-dire  qu'elle  peut etre modifiée selon  la  meme  procédure  que  celle
applicable pour les lois ordinaires.
  Quant au monarque, il doit respecter une stricte neutralité. Ses pouvoirs sont pour la plupart
symboliques et nécessitent le contreseing du Premier ministre. Son pouvoir le plus important est le
choix du Premier ministre, mais là encore il ne peut désigner que le leader du parti ayant gagné les
élections.
  Par ailleurs, il existe deux chambres : la Chambre des Lords et la Chambre des communes. La
première a vu ses pouvoirs considérablement réduits en 1911 et 1949 : ainsi, en matière de vote des
lois  ou  budgétaires,  la  Chambre  des  Communes  peut  passer  outre  son  opposition.  De  plus,  une
réforme  de  1999  a  modifié  sa  composition  :  ainsi,  elle  n'est  plus  composée  que  de  membres
nommés, les membres héréditaires ne pouvant plus y sièger.
La  Chambre  des  Communes  est  présidée  par un  Speaker  dont  la neutralité  lui  assure  d'etre
réélu en cas de changement de majorité. Par ailleurs, si la session parlementaire peut, en droit, durer
pratiquement  toute  l'année,  elle  ne  dure,  dans  les  faits,  que  6  mois.  Chaque  session  s'ouvre  par  le
Discours  du  Trone  qui  permet  au Premier  ministre  de  faire  connaitre  les  grandes  lignes  de  sa
politique.  Ce  discours  est  suivi  d'un  débat.  Le  controle  du  Gouvernement  est  assuré  par  des
questions  orales  qui  sont  très  développées  et  par  des  commissions  permanentes  correspondant  au
périmètre  d'un  ministère  et  des  commissions  spéciales  relatives  à  un  projet  de  loi  particulier.  Ses
pouvoirs  sont  étendus  puisqu'elle  vote  les  lois  et  autorise  l'ouverture  des  crédits  et  approuve  les
recettes.  Mais,  dans  le  domaine  budgétaires,  ses  pouvoirs  sont  limités  par  le  fait  qu'elle  n'a  pas  de
pouvoir  d'initiative.  Enfin,  elle  peut  mettre  en  cause  la  responsabilité  politique  du  Gouvernement,
mais ce pouvoir est rarement utilisé.
  Le Premier ministre est obligatoirement le leader du parti ayant gagné les élections, et c'est
lui  qui  choisi  et  révoque  les  membres  du  Cabinet.  Ce  sont  ces  deux  organes  qui  déterminent  et
conduisent  la  politique  de  la  nation,  et  qui  détiennent  l'essentiel  du  pouvoir  dans  la  mesure  ou  ils
dirigent  effectivement  le  parti  majoritaire, ce  qui  concentre  entre  les  mains  du  Cabinet  le  pouvoir
exécutif et, de fait, le pouvoir législatif.
  Enfin,  existe  au  sein  de  la  Chambre  des  Communes,  un  cabient  fantome  composé  des
dirigeants du parti d'opposition et qui est chargé de critiquer le Cabinet.

Posted By Unknown08:55